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Maisons et Commanderies de l'Ordre du Temple en France

Ydes   (15)

Maison du Temple d'Ydes
Département: Cantal, Arrondissement: Mauriac, Canton: Ydes - 15


Maison du Temple d'Ydes
Localisation: Maison du Temple d'Ydes


Dans ses comptes, Jean de Trye porte avoir reçu du précepteur de la milice du Temple d'Ydes 36 sols (1), il nous reste de cet ancien Temple, l'église romane, monument historique, du XIIe siècle. Le porche et le chevet sont prodigieusement riches en sculptures et ne démentent pas cette affirmation d'un défenseur du Temple:« Nos églises sont les plus belles. »
Nous pourrions ajouter que de toutes les chapelles des Templiers et des Hospitaliers, la plus belle est bien Ydes.
Les autres ne méritent même pas une citation. Il fallait que le fondateur du Temple d'Ydes fut prodigieusement riche.
Quel était-il ?
Un Madic ?
Un Ventadour ?
Un vicomte de Limoges ?
Nous l'ignorons, mais la maison de Madic fournit à l'ordre du Temple des chevaliers des plus distingués, comme Pierre de Madic, maître des Temples d'Aquitaine en 1288, Pierre de Madic, maître de la milice d'Auvergne en 1294, Guillaume et Hugues de Madic, chevaliers, etc.
1. De preceptore d'Isda. Auguste Chassaing. Spicilegium, page 212.

Toutefois une transaction passée en 1549 entre Guichard de Gourtain, commandeur d'Ydes, et Joachim de Chabannes comte de Saignes et Madic, nous apprend que la commanderie d'Ydes relève en fief des seigneurs de Saignes (2). On peut semble-t-il inférer de cet acte, que le fondateur fut un des comtes de cette illustre maison, probablement Odon en 1187. Et ce qui donne encore plus de poids à cette opinion, c'est que Géraud de Sauzet, commandeur d'Ydes, transigea en 1281 pour la justice et reconnut celle de Bertrand de la Tour, comte de Saignes (3). Donc, au XIIIe siècle, les Templiers de la préceptorie d'Ydes s'avouaient vassaux de la seigneurie de Saignes.
2. Archives du Puy-de-Dôme, série 11,6.
3. Archives du Puy-de-Dôme, série 11,6.


Chapelle d'Ydes image Internet
Chapelle d'Ydes image Internet


Ce Géraud de Sauzet, dont le nom revient souvent dans les actes du procès des Templiers, était précepteur d'Antioche en 1268. Il fut victime d'une singulière négligence de la part du grand maître, Thomas Béraud.

En mai 1268, le précepteur d'Antioche était cantonné avec ses chevaliers et servants dans le fort Gastins, placé sur les contreforts de l'Amanus et gardant Antioche, lorsqu'il apprit l'arrivée du Soudan Bibars, qui avait cette dernière place pour objectif. Il prévint immédiatement le grand-maître et lui demanda des hommes et des armes. Le grand-maître lui fit répondre qu'il enverrait des hommes à Antioche pour défendre la ville. Quant à lui, il n'avait rien à craindre.

Les secours arrivèrent deux jours trop tard. La situation des Templiers était d'autant plus critique que Bibars marchait droit sur Gastins. Pendant qu'ils dînaient, un frère lai, du nom de Guy de Belain, prit les clefs de la forteresse et les porta au Soudan. Dès qu'ils eurent connaissance de la trahison, les Templiers tinrent un conseil de guerre. Les chevaliers voulaient combattre et mourir, les servants voulaient fuir. Ce dernier avis, le moins généreux, mais le plus pratique, fut suivi. Chevaliers et servants prirent tout ce qu'ils purent, brisèrent le reste et se retirèrent en bon ordre, harcelés par l'ennemi et s'en fuirent au fort Guillaume, qu'ils restaurèrent. Le grand-maître eut grande douleur. Son imprévoyance et sa haine pour Bohémond avaient causé ces malheurs.
Geoffroy de Charmon succéda à Géraud de Sauzet en 1283.

Le Temple d'Ydes possédait une seconde chapelle, placée sur un pic élevé et dédiée à « Notre-Dame-du-Puy », une « maison de maître avec sa grange, ses écuries, cours, jardins, prés et champs dit des Banieres Long », « les Champs Long », « les Champs Blot », « les Runolloix », « les Rondaux », « la Sagniolle » etc., plus un bois, des dîmes et quelques rentes (4).
4. Archives du Rhône, II. 138. L'église du Temple d'Ydes fut dédiée à Saint-Georges.

Ses membres furent « la chapelle de Courtille » avec ses prés du « Borneix », de « Courteix », de « Mathieu », de la « Gasne », ses terres du « Verdier », de La Vergne et de l'Estrade (commune de Vebret) et des rentes, et le membre de « Longevergne » dans la paroisse « d'Anglards-de-Salers. »
Sources: Bouffet (Abbé Hippolyte), Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Haute-Auvergne, dans Revue de la Haute-Auvergne, Aurillac, tome XVI (1914).

Maison du Temple d'Ydes
La commanderie d'Ydes dépendait dans l'origine de la milice du Temple ; elle passa au commencement du XIVe siècle à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem Malte.

Indépendamment des biens et rentes dont la Commanderie jouissait au chef-lieu et dans les villages environnants, d'après un ancien terrier renouvelé au milieu du XVIe siècle par Me Jehan de Tautail et conservé dans les archives de feu M. l'abbé Pau ; elle possédait la maladrerie de l'Hôpital dans la même paroisse et les annexes de Longevergne (Anglards de Salers) et de Courthiles (Vebret).
La chapelle de Courtilhes existait encore en 1738 et il y fut fait à cette époque des réparations en même temps qu'à l'église d'Ydes. Archives, du Rhône, Ordre de Malte.


Chapelle d'Ydes, image interne
Chapelle d'Ydes, image internet


L'église d'Ydes appartenait à la Commanderie et relevait directement du Saint-Siège en vertu de bulles obtenues par l'Ordre en 1317 du pape Jean XXII et en 1517 du pape-Léon V.

C'est un remarquable édifice roman, remontant au XIIe siècle, classé comme monument historique et récemment restauré à ce titre par les soins intelligents de M. Bonnay, architecte à Brive. Il mesure 33 mètres de long sur 9 mètres de large. Au-dessus de la moulure formant le cintre du grand portail se trouve sculpté un zodiaque, dont quelques signes ont été brisés.
L'intérieur du porche est orné de deux bas-reliefs en pierre, sculptés dans l'épaisseur du mur.

Chapelle d'YdesBas relief gauche
Bas relief gauche
Celui de droite se divise en deux parties, l'une représentant Daniel dans la fosse aux lions et l'autre un ange qui enlève par les cheveux le prophète Habacuc.
Le Bas-relief de gauche, également divisé en deux, est une Annonciation: la Vierge d'une part et l'ange Gabriel de l'autre.

Le thème représenté sur le côté sud du porche de l'église d'Ydes est extrait de l'Ancien Testament. Sous l'arc de gauche, Daniel, condamné pour sacrilège, est enfermé dans la fosse aux lions sans que ces derniers le dévorent. Le prodige se poursuit sous l'arc de droite.
Un ange tient Habacuq par la tête pour le transporter de Judée à Babylone afin qu'il nourrisse Daniel.
Le prophète tient dans ses mains le pain et l'eau. Cette double représentation illustre avec précision le texte biblique.

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Bas relief droit
C'est une scène du Nouveau Testament, l'Annonciation, qui est sculptée sur le côté nord du porche d'Ydes. A gauche, l'archange Gabriel tend une main vers Marie. Il tient une hampe terminée par une croix, sa tête bouclée se détache sur un nimbe perlé, son corps transparaît sous une tunique abondamment plissée, ses pieds sont nus et les rémiges de ses ailes sont finement striées. A droite, la Vierge voilée et nimbée présente la paume de ses mains à l'ange en signe d'acceptation.

Un clocher en forme de campanile, percé de quatre baies romanes, superposées deux par deux, s'élève au-dessus du porche sur le pignon qui termine la nef: c'est dans ce pignon que s'ouvre la porte principale. Un pilier carré en pierre en partage les deux battants, garnis de vieilles et magnifiques ferrures.

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Ydes - Abside ou chevet
L'abside et le sanctuaire sont éclairés par d'élégantes fenêtres en plein cintre, ornées de billettes et de chapiteaux historiés. Des modillons ou corbeaux artistement fouillés et d'un travail exquis, soutiennent la corniche de pierre, bordée d'une riche torsade.

Le chevet en tuf de l'église d'Ydes est rythmé par des colonnes engagées, ayant une fonction de contreforts. Elles reposent sur des bases ornées d'entrelacs ou de rinceaux et elles sont couronnés de chapiteaux à décor végétal ou historié. L'originalité du chevet d'Ydes réside dans le couronnement du mur. La corniche en pierre qui supporte l'avant-toit ne repose pas directement sur les corbeaux, comme c'est l'usage dans la région, mais sur une frise d'arceaux.

L'architecte a eu le tact de conserver malgré la différence de style, la fenêtre tréflée de la chapelle Notre-Dame appartenant au XVe siècle; il a compris qu'une restauration n'est pas une reconstruction et qu'il importe dans ces sortes de travaux de ne pas sacrifier des parties intéressantes d'une époque postérieure, à un excès d'uniformité qui serait presque du vandalisme; mais comme il a dû souffrir de se voir obligé d'annexer à la chapelle de l'est une sacristie qui la déforme et écrase l'ensemble du monument !

Il est fâcheux que l'on n'ait pu trouver une combinaison meilleure pour se débarrasser de cette sorte de cuisine avec le haut-fourneau qui lui sert de cheminée. Franchement cet appentis peut être commode et confortable; mais il manque absolument de correction et de goût. Les murs latéraux de la nef sont sévères et sobres d'ornements, tout en s'harmonisant avec le style du choeur: en un mot l'extérieur est merveilleusement réussi. Peut-on en dire autant de l'intérieur ? L'ancienne voûte, écroulée en 1680, a été rétablie en briques recouvertes d'un simple crépi; une voûte en pierres de taille eut été préférable; on peut regretter également qu'une partie des murs ait été rebâtie par plaques en moellons irréguliers: ce sont là des reproches de détail qui font tache dans une restauration aussi bien exécutée, mais qui ne sauraient nuire à l'ensemble de l'oeuvre.

Nous serons plus sévères sur ce qu'on est convenu d'appeler le mobilier de l'Eglise. On oublie trop de notre temps que l'autel était primitivement un tombeau et les exigences du culte, encouragées par l'amour du clinquant, ont fait ajouter à la table primitive des gradins et un tabernacle. Le clergé est excusable d'avoir cédé à cet engouement, s'il est vrai que la liturgie, dans son implacable rigorisme, exige ces encombrants accessoires pour nos modestes églises paroissiales et réserve les tables d'autel nues, aux basiliques et aux cathédrales; mais je le demande en toute franchise, l'usage adopté au Moyen Age, de déposer les Saintes Espèces dans le sein d'une blanche colombe qui se balançait les ailes déployées, au-dessus de l'autel, suspendue à la voûte par un fil imperceptible, ne renfermait-il pas une allégorie touchante qui méritait d'être conservée ?
La porte latérale du côté droit n'a pas plus été sacrifiée que la fenêtre ogivale de la chapelle Notre-Dame, malgré ses moulures un peu grossières du XVe siècle. Le tympan est surmonté d'un Saint George, patron de l'église, foulant le dragon sous les pieds de son cheval.

L'Eglise d'Ydes fut l'objet de fondations pieuses de la part de Bernard VII de la Tour, à son départ pour la croisade (Testament du 8 mai 1270) et de Girald de Madic (Testament du 20 juin 1414).

Etienne d'Ydes ou de la Roussille « fief situé dans la paroisse de Champagnac » figure parmi les templiers d'Auvergne interrogés à Clermont en 1309 par l'évêque Arbert Aycelin, Pierre d'Ydes, époux de Sybille de Turenne ne vivait plus le 25 janvier 1325.

Le 13 avril 1730, un grand scandale se produisit à la suite du refus du curé, Jean de Chavialle, d'autoriser l'inhumation du corps de Marthe de Chalus dans la chapelle du Chatelet et il ne fallut rien moins que l'intervention du bailli des Montagnes pour avoir raison de la résistance opiniâtre de ce curé.
Voir l'historique réalisé sur la chapelle d'Ydes


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