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Fondation de la Milice et de l'ordre du Temple
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Alain Demurger

Origine et fondation de l'Ordre du Temple

Hugues de Payns
Quelques rares récits.

Les débuts des templiers sont mal connus : les récits les plus précis sont largement postérieurs à la fondation du premier ordre religieux et militaire de la chrétienté. On cite ordinairement Guillaume de Tyr :
La même année 1119, certains nobles chevaliers, pleins de dévotion envers Dieu, religieux et craignant Dieu, se remettant entre les mains du seigneur patriarche pour le service du Christ, firent profession de vouloir vivre perpétuellement selon la coutume des règles des chanoines en observant la chasteté et l'obéissance et en repoussant toute propriété. Parmi ceux-ci, les premiers et les principaux furent ces deux hommes vénérables, Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer.

Guillaume est né vers 1130, en Palestine ; chancelier du royaume de Jérusalem en 1174 et archevêque de Tyr l'année suivante, il commença la rédaction de son « Historia rerum in partibus transmarinis gestarum » (une traduction en français en fut donnée au siècle suivant, sous le nom d'Histoire d'Éraclès) sous le règne du roi Amaury Ier (1163-1174), au moment où celui-ci conduisait des campagnes militaires victorieuses en Egypte et où l'avenir du royaume semblait assuré. Guillaume n'a pas connu les débuts glorieux des États latins de Terre sainte ; il n'a donc pas vécu les premiers pas, difficiles mais prometteurs, des templiers.

Au XIIIe siècle, Jacques de Vitry, historien et évêque d'Acre, nous raconte les mêmes événements dans son « Historia orientalis seu Hierosolymitana » :
Certains chevaliers aimés de Dieu et ordonnés à son service renoncèrent au monde et se consacrèrent au Christ. Par des voeux solennels, prononcés devant le patriarche de Jérusalem, ils s'engagèrent à défendre les pèlerins contre les brigands et ravisseurs, à protéger les chemins et à servir de chevalerie au Souverain Roi. Ils observent la pauvreté, la chasteté et l'obéissance, selon la règle des chanoines réguliers. Leurs chefs étaient deux hommes vénérables, Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer. Au début, il n'y en avait que neuf qui prirent une décision si sainte, et pendant neuf ans ils servirent en habits séculiers et se vêtirent de ce que les fidèles leur donnèrent en aumônes. Le roi, ses chevaliers et le seigneur patriarche furent remplis de compassion pour ces nobles hommes qui avaient tout abandonné pour le Christ, et leur donnèrent certaines propriétés et bénéfices pour subvenir à leurs besoins, et pour les âmes des donateurs. Et, parce qu'ils n'avaient pas d'église ou d'habitation qui leur appartînt, le roi les logea dans son palais, près du Temple du Seigneur. L'abbé et les chanoines réguliers du Temple leur donnèrent, pour les besoins de leur service, un terrain non loin du palais ; et, pour cette raison, on les appela plus tard les « Templiers ».

Mais, le plus souvent, ce n'est que brièvement que les historiens du temps ont rapporté l'événement. Ainsi Guillaume de Nangis : en ce temps (1120) est fondé « l'ordre de la milice du Temple commandée par Hugues, son maître ». Presque toujours, les abrégés ou résumés de textes historiques, publiés sous le nom de « petite chronique », indiquent le fait et sa date : 1119 ou 1120.

On le voit, ces récits sont écrits longtemps après les faits ; ils se copient les uns les autres et sont orientés. Jacques de Vitry a bien assimilé Guillaume de Tyr, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais, à Acre, il a fréquenté les templiers dont il fut l'ami. Son témoignage, même s'il est peu original, apporte quelques touches intéressantes à celui de Guillaume de Tyr, en général peu favorable aux ordres militaires. Quant aux documents d'archives, des actes de donation surtout, ils éclairent peu sur les origines mêmes du Temple.

Reste un texte, malheureusement peu bavard, mais qui a le double mérite d'émaner des templiers eux-mêmes et d'être quasi contemporain de leur création : la règle de l'ordre. Dans sa version latine, elle a été composée entre 1120 et 1128, puisqu'elle fut approuvée, avec quelques modifications, au concile de Troyes réuni cette année 1128. C'est, nous dit le prologue de cette règle, « par les prières de maître Hugues de Payns, sous la direction duquel ladite chevalerie prit commencement par la grâce du Saint-Esprit », que le concile de Troyes fut assemblé.

Il reste donc bien des incertitudes que, par la suite, on a trop facilement transformées en « mystères ». Trois idées fondamentales ressortent cependant avec netteté : — L'ordre est né de la volonté de renoncement au monde de quelques chevaliers. Ceux-ci ont accompli une démarche religieuse.

— L'initiative en revient à deux hommes, dont l'un, Hugues de Payns, devint le premier maître de la nouvelle milice, comme on la nommait alors.

— Sa création répondait tout à fait aux voeux des autorités religieuses et laïques du royaume de Jérusalem.

Le Temple, comme les ordres militaires ultérieurs, unit l'idéal du moine à celui du chevalier. Ce n'est pas loin d'être un scandale, au moment où le schéma trifonctionnel des trois ordres [ceux qui prient, ceux qui combattent, ceux qui travaillent] s'impose à la société chrétienne. Or ces trois ordres sont nettement séparés et subordonnés hiérarchiquement les uns aux autres : le clergé domine les deux autres ; et le monachisme forme la couche supérieure de ce même clergé.

Le Temple naît de la volonté d'un obscur chevalier champenois soucieux de son salut. Mais il est aussi porté par les nouveaux courants spirituels que la réforme de l'Église [la réforme grégorienne] a libérés. Il s'ajuste parfaitement à l'idéologie de la croisade ; il est la réponse la plus pertinente aux besoins de celle-ci.

Hugues de Payns et ses frères

« Hues de Paiens delez Troies », nous dit la traduction française de Guillaume de Tyr. Les dernières mises au point sur le fondateur du Temple, celles de Malcolm Barber et de Marie-Luise Bulst-Thiele, confirment son origine champenoise : Payns est situé sur la rive gauche de la Seine, à une dizaine de kilomètres de Troyes. Adoubé chevalier, seigneur de Montigny, il possède également des biens du côté de Tonnerre. Marié, on lui connaît un fils, Thibaud, futur abbé du monastère de Sainte-Colombe de Troyes. Hugues apparaît comme témoin dans quelques actes de la pratique : en 1100, son seing côtoie ceux du comte de Bar et du comte de Ramerupt au bas d'un acte du comte de Champagne. Ce n'est pas un hasard, car ses liens avec la famille de Champagne sont étroits et constants, et l'on a pu suggérer qu'il appartenait à une branche cadette des comtes. Ce serait donc un seigneur de quelque importance, un homme de la moyenne aristocratie, comme les membres de la famille de Montbard à laquelle il est allié ; c'est la famille de la mère de saint Bernard.

Les traces sont rares et, dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner qu'Hugues de Payns soit devenu l'enfant de nombreux pays. On lui a trouvé des ancêtres italiens, à Naples, à Mondovi, ou, plus récemment, ardéchois. Pagan, Pagani, Payen, Péan... si tous ces noms appartiennent à une même famille, ce devait être assurément une des plus prolifiques de l'Occident chrétien ! On ne prête qu'aux riches, surtout lorsqu'on est pauvre ; en documents.

Il est tout aussi difficile de préciser les dates et la durée des séjours en Orient d'Hugues. Certains historiens le font partir dès la première croisade et revenir en 1100. Plus sûrement, il faut attendre 1104 : il accompagne alors le comte Hugues de Champagne qui effectue son premier pèlerinage aux lieux saints.
Ensuite, on s'interroge : reste-t-il en Palestine jusqu'en 1113 ?
Revient-il beaucoup plus tôt ?
Ce qui est certain, c'est qu'il repart en 1114, toujours avec le comte.
Et, cette fois, il reste.

Dès ce moment prend corps l'idée d'une « militia Christi », ayant pour mission de protéger les pèlerins. Que le comte de Champagne ait été associé d'une façon quelconque à la naissance de l'ordre n'est pas douteux : lors de son troisième pèlerinage, en 1126, il abandonne tout et entre au Temple. Saint Bernard, son ami, en conçut quelque humeur ; certes, il le félicita de sa décision ; mais il aurait préféré le voir entrer à Cîteaux. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette attitude, étonnante, de saint Bernard. Reste le problème de la date de la création du Temple.

Le texte de Guillaume de Tyr et celui de la règle latine concordent. Selon cette dernière, le concile de Troyes se réunit « à la fête de monseigneur Saint Hilaire, en l'an de l'Incarnation Jésus Christ 1128, au neuvième an du commencement de l'avant dite chevalerie ». Et Guillaume indique : « La neuvième année, un concile s'étant tenu à Troyes en France. » La création du Temple remonterait donc à l'année 1119, date admise par la plupart des historiens. Année marquée par l'attaque d'un groupe de pèlerins entre Jérusalem et le Jourdain, événement suffisamment important pour être relevé par un historien de l'époque, Albert d'Aix. Cette détrousse a pu servir de détonateur et provoquer une double prise de conscience :
— La Terre sainte a besoin d'hommes. Guillaume de Tyr indique qu'en 1115, le roi de Jérusalem, Baudouin Ier, inquiet pour la sécurité du royaume, constatait que « les chrétiens étaient si peu qu'à peine pouvaient-ils emplir une des rues principales ». Et il lançait un appel aux chrétiens d'Orient, les adjurant de venir peupler le royaume. En 1120, son successeur, Baudouin II, se tourne vers l'Occident.
— Il convient de mettre sur pied une organisation originale pour assurer une police efficace.
Peut-être, alors, les idées d'Hugues de Payns et de ses amis ont-elles été étudiées avec intérêt.

D'autres historiens, en particulier Marie-Luise Bulst-Thiele, penchent pour la date de 1118, car c'est à cette date que Baudouin aurait donné à Hugues de Payns et à ses compagnons un local situé dans le palais royal, près du Temple de Salomon.

1118 ou 1119 ? Cela peut paraître secondaire. Mais cette divergence sur la date pose le vrai problème :
Qui a pris l'initiative ?
Hugues de Payns et quelques chevaliers ?
Ou bien le roi de Jérusalem en accord avec quelques princes d'Occident, tel le comte de Champagne, et les autorités religieuses du royaume, tel le patriarche Gormond ?

Guillaume de Tyr écrit que, dans un premier temps, les chevaliers ont fait voeu de vivre selon une règle et dans la pauvreté, ce qui n'est guère original. Ensuite, le roi et les autorités religieuses de Jérusalem ont accordé quelques biens et des privilèges aux nouveaux « soldats du Christ ». Puis leur première mission leur fut enjointe pour la rémission de leurs péchés par le seigneur patriarche et par le reste des évêques. Qu'ils gardent pour les honnêtes gens voies et chemins contre les larrons et les embûches des envahisseurs, et ceci pour le plus grand salut des pèlerins. La leçon est claire :
Le patriarche oriente le nouvel ordre vers sa tâche de protection et de combat.

Jacques de Vitry, dont nous avons longuement cité le texte au début de ce chapitre, présente une version différente :
L'initiative revient aux chevaliers et, ensuite, le roi et le patriarche donnent leur accord et apportent leur soutien.

Une autre chronique, celle d'Ernoul, présente aussi la création du Temple comme le résultat d'une initiative de la base. Les chevaliers, qui avaient fait des voeux et qui obéissaient aux chanoines du Saint-Sépulcre, se concertent :
Nous avons quitté nos terres et nos amis, et sommes ici venus pour là élever et exalter la loi de Dieu. Et nous sommes ici, arrêtés, buvant et mangeant et dépensant sans rien faire. Nous ne bougeons pas, ni ne combattons, alors que le pays a besoin de secours. Et nous obéissons à un prêtre et ne faisons pas oeuvre d'armes. Prenons conseil, et faisons l'un de nous Maître, par le congé de notre prieur, qui nous conduira en bataille quand il le faudra (Ernoul).

L'intervention du roi Baudouin II a dû être importante ; quelques faits le laissent penser. En 1120, le comte d'Anjou, Foulques, futur roi de Jérusalem, débarque en Palestine ; il s'associe aux templiers et loge chez eux ; il fait un don de trente livres d'angevins aux chevaliers. N'est-ce pas la preuve que l'ordre tout récent jouissait déjà d'une notoriété qui s'expliquerait mieux si l'on admettait un soutien actif du roi ?

Mais alors, n'y a-t-il pas contradiction avec une autre indication de Guillaume de Tyr, largement reprise après lui : « Pendant neuf années après leur institution, ils restent vêtus en habits séculiers, utilisant tels vêtements que les gens leur donnaient en aumône pour le salut de leur âme ».

Et encore : « Alors qu'ils s'étaient engagés depuis neuf ans dans cette affaire, ils n'étaient pas plus de neuf. »

Méfions-nous de Guillaume de Tyr : il critique les richesses des templiers et se délecte en rappelant leur pauvreté initiale ; n'admettant pas leur indépendance totale par rapport aux autorités ecclésiastiques de Terre sainte, il insiste sur la précarité de leurs débuts et rappelle que, sans le secours de ces autorités, les templiers n'auraient pu vivre.

Or, en 1126, le comte de Champagne s'adjoint au Temple ; on peut supposer qu'il ne dut pas être le seul. Les dons commencent à affluer à peu près au même moment. Enfin, lorsqu'en 1127 Hugues de Payns s'embarque pour l'Occident avec cinq de ses chevaliers, c'est avec un triple objectif :
— Faire confirmer par l'Église d'Occident la règle de l'ordre, élaborée en Orient ;
— Faire connaître l'ordre ;
— Recruter des adeptes de la nouvelle milice du Christ et, plus largement, des combattants pour la Terre sainte.

Cette dernière tâche, il la remplit aussi comme envoyé du roi Baudouin II, qui aurait financé le voyage. Il ne la remplit pas seul ; d'autres religieux l'accompagnent (Guillaume de Tyr). Par une lettre adressée à cette date à saint Bernard, le roi de Jérusalem demande la protection de l'Église pour le groupe de templiers venu recruter des hommes pour la défense du tombeau du Christ. [Cette fameuse lettre est parfois mise en doute, Berber, la tient pour vraie, et la date de 1127-1128. Bramato : « L'Ordine dei Templari in Italia », la situe en 1126, avant la tournée d'Hugues de Payns, (ce serait le peu d'écho provoqué par cette lettre qui aurait décidé le maître du Temple à faire le voyage)].

L'ordre du Temple vivait depuis neuf ans ; il commençait à être connu. Cela ne suffisait pas ; il fallait mobiliser davantage la chrétienté pour en faire l'instrument efficace dont Hugues de Payns avait rêvé, et dont les États latins avaient besoin.
L'Occident était prêt à entendre cet appel.

Des moines soldats

Hugues de Payns a inventé une figure neuve, le moine chevalier, nous dit Marion Melville (Les débuts de l'Ordre du Temple), La sainteté et la chevalerie, deux éthiques radicalement opposées ! Pour les concilier, il fallait une évolution spirituelle considérable, celle-là même, d'ailleurs, qui a permis la croisade. L'Église a dû modifier sa conception de la théologie de la guerre. Elle a dû accepter la chevalerie et lui faire une place dans la société chrétienne, dans l'ordre du monde voulu par Dieu.

Les enfants chéris de saint Bernard

Le concile de Troyes
« Alors qu'ils s'étaient engagés depuis neuf ans dans cette affaire, ils n'étaient pas plus de neuf ». Je l'ai dit, cette phrase de Guillaume de Tyr, reprise à l'envi par tous les historiens du Temple, laisse sceptique. Car, lorsque Hugues part vers l'Occident, en 1127, il est accompagné de cinq autres templiers : Godefroy de Saint-Omer, que l'on rattache à la famille des châtelains de cette ville, Payen de Montdidier, Archambaud de Saint-Amand, Geoffroy Bisol et un certain Roland ; tous très probablement issus du milieu de la chevalerie, fer de lance de la société féodale. Neuf moins six : il en resterait donc trois à Jérusalem ; n'est-ce pas un peu juste pour assurer les missions de l'ordre ?

Certes, on peut supposer que, en fait sinon en droit, la catégorie des frères sergents existait déjà. La toute première règle, celle qu'Hugues de Payns fait approuver au concile de Troyes, n'imposait en effet qu'une seule condition pour être admis dans l'ordre : celle d'être de condition libre. Remarquons aussi qu'à cette date, la protection des pèlerins sur les voies d'accès à la ville sainte constitue encore la mission unique de la milice du Temple. Il faut attendre 1129 pour que les templiers affrontent les infidèles pour la première fois au combat.

Alors, neuf ?
Non, vraiment, les templiers étaient déjà plus nombreux.
Aussi serais-je enclin à considérer le voyage d'Hugues de Payns en Europe sous trois angles.
— Celui de la crise de croissance. L'ordre a grandi pas suffisamment, cependant, pour faire face à sa mission, même si celle-ci n'est encore que de police. Les questions d'organisation deviennent préoccupantes ; il convient de les résoudre ; c'est l'objet de la règle.
— Celui de la crise de conscience, ou, si l'on préfère, de la crise d'identité. Elle résulte des critiques faites à la nouvelle milice, des implications militaires de sa mission, mais aussi des doutes, des interrogations des frères sur la qualité spirituelle de leur engagement. Critiques et doutes qui freinent l'essor de l'ordre et paralysent son action. Hugues de Payns cherche auprès de saint Bernard une réponse à ces questions.
— Celui du recrutement, enfin. Hugues agit comme envoyé du roi Baudouin II pour recruter des soldats pour l'Orient, mais aussi comme chef d'ordre : il veut recruter de futurs templiers et développer en Occident l'appui logistique nécessaire aux entreprises du Temple en Orient. Tel sera l'objet de la tournée d'Hugues et de ses compagnons dans les mois qui suivent le concile de Troyes.
Hugues est-il passé à Rome avant de gagner la Champagne ?
C'est probable ; le pape Honorius II (1124-1130) suit de près l'expérience de l'ordre et les problèmes de la croisade. Comme envoyé de Baudouin II, Hugues ne pouvait manquer de rencontrer le pape. Et, comme maître du Temple, il est légitime de penser qu'il lui a soumis son projet de règle.

Hugues gagne ensuite Troyes, pour participer, en janvier 1128, au concile des prélats champenois et bourguignons. Ce concile n'en est qu'un parmi d'autres : Bourges, Chartres, Clermont, Beauvais, Vienne, en 1125, Nantes en 1127, Troyes et Arras en 1128, puis Châlons-sur-Marne, Paris, Clermont à nouveau, Reims... L'influence de saint Bernard et de Cîteaux marque profondément ces conciles provinciaux, dont l'objectif est de faire le point sur la réforme de l'Église après le règlement de la querelle des investitures, ce grand conflit entre le pape et l'empereur provoqué par la réforme grégorienne.

Le prologue de la règle du Temple dresse la liste des participants :
Le cardinal Mathieu d'Albano, légat du pape en France ;
Les archevêques de Reims et de Sens avec leurs évêques suffragants ;
Plusieurs abbés dont ceux de Vézelay, Cîteaux, Clairvaux (il s'agit de saint Bernard), Pontigny, Trois-fontaines, Molesmes ;

Quelques laïcs : Thibaud de Blois, comte de Champagne, André de Baudement, sénéchal de Champagne, le comte de Nevers, un des croisés de 1095.
La présence de saint Bernard a été mise en doute ; sans preuve.
Son absence serait étonnante alors que les principaux dignitaires de Cîteaux sont présents : Etienne Harding, abbé de Cîteaux (1109-1134), Hugues de Mâcon, abbé de Pontigny.

Ajoutons qu'Henri Sanglier, l'archevêque de Sens, est un ami de Bernard. Le nombre et la qualité des clercs de la mouvance cistercienne le montrent assez : l'influence des idées réformatrices fut déterminante.
Sources : Textes d'Alain Demurger — Vie et mort de l'Ordre du Temple. Ed. du Seuil, Paris, France — 1985

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